Souffler sur le barbecue

On prépare, on dispose, on allume, et puis l’on souffle.
Dans la vie on a toujours besoin de souffler.
Parfois pour raviver quelque chose, pour ne pas qu’elle s’éteigne. Et, parfois pour que quelque chose cesse, pour marquer un temps d’arrêt, faire une pause. Quoi qu’il en soit, souvent, on souffle.
Si on ne le fait pas, on craque, on s’asphyxie; et personne ne peut le faire à notre place. On souffle certes mais on souffle seul. C’est comme ça. C’est comme une règle implicite, un accord tacite entre nous et Éole.

L’important, c’est de faire les choses à fond. Quitte à essayer quelque chose autant le faire franchement et ne rien retenir. Alors on souffle à s’en faire péter les joues. Vider complètement ses poumons pour mieux les remplir à nouveau, être gonflé à bloc et à nouveau souffler.
Il faut, quoi qu’il arrive, rester toujours naïf.
Je me souviens sans cesse de cette chanson qui disait: « Aime comme si tu n’avais jamais souffert ! Danse comme si personne ne regardait ! Chante comme si personne ne t’écoutait ! »

Pour qu’une relation puisse s’épanouir pleinement il faut se donner tout entier, sans concession. Si l’on se retient ou l’on se contient pour se préserver, on ne donne pas tout et la donne est faussée. Alors, si les choses tournent mal, on ne saura jamais si c’était pour de bonnes raisons puisqu’on aura pas vraiment été nous-mêmes.
Ce principe de naïveté permanente, sans trop y réfléchir, je l’appliquais chaque jour; c’était un principe de vie.
Ces derniers temps, je n’écrivais plus grand chose. Non pas que je n’avais plus rien à dire, mais les mots ne venaient plus. Quelque chose m’empêchait de les prononcer, de les écrire. Je crois que j’avais perdu de ma naïveté. Cette constatation m’a navré un temps mais j’ai foutu mon cerveau d’adulte à la poubelle, et les peurs qui vont avec; et j’ai retrouvé mon âme d’enfant, celle qui me prémunissait contre le cynisme et m’empêchait de prendre des risques.

Depuis j’ai repris mon souffle, une grande inspiration; et j’ai repris ma course. J’ai retrouvé mon rythme. J’inspire, j’expire, j’inspire, j’expire, et je souffle, et je souffle…
Cependant, même si l’on souffle bien, que la technique est bonne; que l’on maitrise bien le dosage entre les bonnes braises et les belles flammes, il semble que le souffle ne puisse pas toujours provenir que d’une seule direction car il y a des zones à traiter simultanément. Et, même si l’on se déplace tout autour du feu pour l’appréhender de toutes parts, un seul souffle, si fort soit-il, ne suffit pas.
On ne peut pas toujours souffler seul sur le barbecue.

erwantoutcourt.

23 et 26 mars 2011

(1er jet)

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