Six millions d’âmes collées les unes aux autres, ça en fait un drôle de paquet ! Trop petit et trop grand à le fois, autant lumineux que sombre mais toujours vivant, toujours en mouvement, en ébullition constante.
Ça s’engueule, ça chante, ça crie, ça pleure, ça s’aime, ça se trahit, ça se perd et se trouve, ça se retrouve. Les uns se lèvent quand les autres se couchent. D’autres se livrent quand certains se douchent. Un brouhaha s’en dégage, mêlée de rires, de confidences, de discours, de poèmes autant que d’insultes; mêlée des bruits de la vie, la vie des femmes et des hommes, la vie des animaux, la vie des machines et des objets. Et dans ce paquet, par dessus tout, ça rêve.
Pourquoi cette faculté, sans doute la plus belle qu’ont les humains avec celle de rire et d’aimer, reste-t-elle aussi confinée, aussi secrète, autant redoutée ? Pourquoi le rêve est-il presque toujours vécu en catimini ?
Le plus souvent on le garde pour soi, et , quand on le partage on n’en dévoile pas tous les aspects, toute la teneur, on le résume.
De quoi les humains ont peur ?
Pourquoi ont-ils peur de leurs rêves ?
Dévoiler ses rêves c’est se dévoiler dans son soi le plus profond, le plus intime, le plus intense, le plus fragile. Se dévoiler ne nous affaiblit pas, bien au contraire. C’est en le faisant qu’on apprend à se connaitre, à s’affirmer, à s’améliorer et ainsi que l’on apprend à s’aimer soi-même et à aimer.
Et pourtant, la plupart du temps, nous les oublions nos rêves; nous nous en débarrassons. Heureusement, de temps en temps, certains d’entre nous les concrétisent mais la majeure partie de ces rêves reste en suspend et dérive, s’envole.
S’ils étaient matérialisables on les verrait joncher le sol. Ce sol serait aussi chaotique et diversifié qu’un sol de forêt, composé de mille matières, de mille couleurs, de mille odeurs: composé de tout ce qui fait la vie sans qu’aucun atome ne manque à l’inventaire. Et, si on ne voit pas cet amas de rêves, si personne ne l’a jamais trouvé nulle part, c’est parce qu’Il existe. Il, n’est pas un homme. Il, n’est pas une femme. Il, est une personne mais n’existe pour personne. Il, est sa fonction. Il, est notre salut. Il, est moche autant que beau cela dépend de nous. Cela dépend de nos rêves car c’est lui qui s’en occupe. Il, les ramasse, les trie, les réanime, les redistribue; Il les empêche de choir, de mourir: Il est l’écopeur de rêves.
Alors il écope nos rêves en permanence, comme on écope d’une peine de prison même si l’on a pas commis de fautes. Il est un don presque irréel comme celui qu’a le phénix de renaitre de ses cendres. Qui a dit que le phénix n’existait pas ? Et qui l’a cru ? Il est en chacun de nous.
Et, au milieu de ce raz-de-marée de rêves qui débordent, qui dégoulinent, lui, il écope. Pour ne pas que l’on se noie et que le monde soit englouti, il écope. Il recueille nos rêves inavoués, inassouvis, nos rêves oubliés et les réinsuffle chez d’autres, voire en nous-même s’il pense que tel ou tel rêve était bien fait pour nous. Il nous rappelle nos mémoires anciennes. Il nous fait parvenir des rêves que d’autres ont laissé partir. Il est une sorte de sauveur d’humanité, un souffleur de vie.
Et moi, le chanceux, je le vois. Ce n’est pas un mérite, pas un sujet de vantardise, cependant, sans savoir ni grâce à qui ou à quoi, ni pourquoi, je le vois. En tous cas je l’aperçois. Et je sais que d’autres le voient et l’aperçoivent, et qu’ils l’entendent fredonner tandis qu’il écope. Quelle chance !
Et si par malheur un matin je me lève sans me rappeler mon rêve, je sais inconsciemment qu’il guidera mon action. Il m’accompagnera le temps de cette journée et de tous les autres jours. Et, je sais que si ce n’est pas maintenant il reviendra car il est certaines choses ici-bas qui ne meurent pas.
Ainsi, dès à présent, gardez à l’esprit qu’Il existe, qu’Il s’intéresse à vous. Cherchez-le et quand vous l’aurez trouvé, écoutez-le, écoutez-vous: Il est un salut bien plus grand que celui que l’on peut faire sous un drapeau ou celui que l’on peut recevoir d’un quelconque symbole et d’aucun dogme.
Le rêve transcende toutes les réalités.
erwantoutcourt.
03 février 2011
(1er jet)

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