Me voilà, seul avec mes acouphènes.
Dans mon lit, visage lavé, dents brossées, lentilles jetées, les yeux au plafond. Presque dans le silence, seul avec mes acouphènes.
Des notes tenues, des bourdons. Un gros bouquet dans chaque oreille. À eux tous ils jouent leurs accords hétérodoxes et me bercent, me nourrissent, jour et nuit, sans relâche même si je ne fais pas attention à eux : Ils sont imperturbables.
Ils jouent sans se soucier de quoi que ce soit. L’activité du monde les couvre le jour, et chaque nuit, quand vient le calme, je les retrouve, et je sombre, seul avec mes acouphènes. Leur musique n’est ni belle, ni moche, ni douce, ni agressive. Elle n’est pas vraiment dérangeante. Ils me donnent l’impression d’être le souffle interne des vents; comme le son qu’ils entendent eux-mêmes quand ils soufflent. Les p’tits bougons. Toujours en train de ronronner un truc.
Bavards malgré eux. En quelque sorte ils ne causent pas, ils irradient, ils diffusent, ils enrobent comme des gros chats aux yeux plissés.
Il serait peut-être temps de leur donner un nom…
…Je vote: Eusèbe, Sibylle, Antioche, Aristide et Louise pour l’oreille gauche, et, Eugènie, Marguerite, Octave, Odile et Armand dans la droite.
Ce sont mes acoustichats.
La nuit ils font du grabuge sur les toits. Ils volent dans les poubelles, se battent, se draguent et puis d’un coup, ils boeufent.
Pendant qu’ils font tout ça, t’as le temps de t’en raconter des histoires. Tu penses, tu penses…Tu penses à tout, entremêlé; Tu repasses tous les fils de pensées, revois toutes les images. Tu comptes tous les moutons. Dehors la nuit est marbrée de nuages fins et étirés aux reflets noirblancgris. Ce soir la lune est en veilleuse. Mes yeux ont, depuis longtemps déjà, fermé boutique. Mes pensées folles basculent, l’air de rien, dans le domaine du rêve. Tout devient flou. Tout devient mou. Je serai bientôt en pause, sous ma couette, seul avec mes acouphènes.
erwantoutcourt.
(30 octobre 2024)

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