Vite, vite, vite.
Vite.
Est-ce vraiment nécessaire ? Est-ce vraiment obligatoire ?
Il est minuit quinze et je dois répondre à ce mail de vingt-trois heures vingt-huit.
Vite.
Et moi, qui, comme un crétin, mets à jour ces données au moment de glisser sous la couette. Erreur de débutant. Horreur bleue. Dégoûtant.
Me voilà empêtré dans ce que l’on attend de moi et ce que je m’inflige. Être son propre bourreau, voilà le confort moderne !
Allez, quoi ! Vite, vite , vite, on t’attend. Ça sonne dans ton sac, vibre dans ta poche, ça bip-bip-bip dans ton bain, dans les transports. Ya une mise à jour à faire pendant qu’tu baises. Mais qu’est ce que tu fous bordel ? Vite.
Si j’décroche, je suis largué.
Rester dans le peloton, bien serré, bien rangé, sedaté par la chaleur du troupeau. Il faut courir avec tout le monde, toujours plus vite, même si l’on ne sait pas vers quoi l’on court et encore moins pourquoi il faudrait le faire toujours plus vite.
Vite, vite, vite.
Bêtement, j’avais pensé que le progrès pourrait rendre libre. De fait, il nous fait transpirer jusqu’à la dernière goutte, courir jusqu’à l’usure absolue du moindre muscle, jusqu’à ce que nos esprits aient épuisé tous leurs rêves puis que nos coeurs lâchent, lassés d’avoir tant battu mais jamais pour eux-mêmes, jamais battu à ne rien faire, pour le simple plaisir de battre.
Non.
Vite.
Vite, vite vite.
Je me vois, sans cesse tourbillonnant, un vrai petit diable de Tasmanie, baigné continuellement dans un halo bleu.
Et c’est bien l’un des plus grands malheurs qui ait pu s’abattre sur l’humanité: Avoir rendu nuisible et si éreintante une couleur aussi belle; Et l’avoir fait si vite.
erwantoutcourt.
(30/10/2024)

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